De vieux rivaux
Le 19/05/37 au soir...
Une troupe légère du clan, menée par le vétéran Coeur-de-loup, n'est jamais revenue de sa patrouille. Elle devait explorer une zone au nord-ouest, à deux heures de monture du campement. Quatre jours sans nouvelle des nôtres, c'est trop, et je ne pouvais accepter d'abandonner les nôtres s'ils étaient prisonniers ou morts. Notre départ approche, et les préparatifs débutent à peine. J'ai donc monté une expédition avec nos meilleurs éléments, en compagnie du Thane en personne, et nous avons pris la route à dos de Sanglicornes.
C'est après une bonne heure, suivant un chemin sinueux, que nous l'avons croisé. La carcasse éventrée d'une navire de guerre volant de l'Alliance gisant au bas d'un falaise, à demi-noyé dans la mer et écrasé contre un îlot au pied du Rivage Brisé. Je n'ai jamais vu cet engin prendre les airs, et vu son état actuel, c'est pas demain la veille qu'on me fera grimper dans ce monstre de fer. Alors que nous nous apprêtions à reprendre la route, Sinmir le druide remarqua des mouvements près, et dans le navire échoué. Très lointain, il était impossible de déterminer le genre et la nature des éléments qui remuaient au sein du bateau-du-ciel. Sans doute des démons pillards, ou des murlocs. L'écume naissante empêchait d'y voir plus clair et le Thane prit la décision d'aller ce monstre de plus près. Après tout, peut-être que les nains que nous cherchions avaient également décidé d'explorer cet endroit particulier...
On a traversé le bras de mer à marée basse, mais les récifs et les vaguelettes nous firent dériver légèrement, à cent mètre de l'épave de l'Alliance. Une fois sur la terre ferme, nous avons contourné une colline et, arrivé près d'une passe rocheuse, ils nous tombèrent dessus. Un cri rauque d'abord, puis un orc qui surgit du haut d'un promontoire en se jetant sur le mercenaire Dracken. Ils roulèrent tous les deux mais le grunt fut rapidement mit hors de combat par la charge du Groin-de-fer du Thane. De la colline voisine surgirent deux trolls et commencèrent à lancer des javelots sur notre groupe. Moi-même, j'ai été sérieusement touché au dos. Sinmir a du agir rapidement pour éviter de me voir calancher. A l'arrière de notre position, deux autres orcs se ruèrent sur nous, accompagné d'un tauren portant un pavois de guerre haut comme trois nains.
Le combat fut redoutable, mais nous, les fils d'Hymdir, savons bien nous défendre. Les deux guerriers de la Horde furent rapidement bousculés et tués, l'un par Dracken qui lui ouvrit les tripes et l'autre par ma main, aidé par le sanglier du Thane qui le projeta au sol avec violence. Baethril chargea comme les Cuirassiers du clan et enfonça son hallebarde dans le flanc de l'homme-vache. Pour rien, semble t-il. Ce monstre de Kalimdor avait suffisamment de force pour stopper net le sanglier de guerre en lui bloquant les défenses ! Finalement, c'est notre druide qui tua ce colosse en le noyant sous une nuée d'abeilles après l'avoir aspergé d'une concoction de Thrakan'raz. Paniqué et piqué de toute part, le tauren succomba au bout de plusieurs minutes de supplice, boursoufflé et meuglant.
Continuant sur leur lancée, Cornefer et mon oncle firent le tour de la colline et chargèrent de dos les trolls qui continuaient, hilares et curieusement satisfait de voir la mort des orcs, de nous jeter des lances. Sans mal, toutefois. L'un des sanglicornes, celui de Baethril, percuta un troll et l'embrocha. Ce dernier resta accroché à la défense et agonisa les pieds trainant au sol. L'autre, en revanche, dégringola de la butte, poussé par le Thane, et tomba à nos pieds. Je lui ai arraché à moitié la tête avec ma lame, les soins de Sinmir et l'adrénaline du combat m'ôtant toute douleur. Hélas, la carcasse du navire était toute proche et deux gobelins en poste sur les poutres du navire ruiné désignèrent les deux nains à portée de tir, à savoir Cornefer et le Thane Forgerage. Ces rats déversèrent des balles de leur pétoire, tirant sur eux tout en pariant sur les cibles...
Je ne sais pas trop ce qui s'est déroulé, le temps de gravir à mon tour la colline en compagnie du druide et du mercenaire. Une fois en eux, l'un des gobelins luttait aux mains contre mon oncle et l'autre avait un carreau d'arbalète dans la nuque. Je note que les deux sanglicornes saignaient abondamment de leur cuir, mais tenaient encore debout malgré les plombs dans la chair. Nos bêtes sont redoutables. Nous avons aussitôt sauté sur le bateau-volant, ou plutôt sa moitié restante, poursuivant le gobelin qui avait déguerpi sans réclamer son reste. A l'intérieur de la citadelle des cieux, d'autres membres de la Horde commencèrent à nous attaquer. Le gobelin, lui, rendit son dernier souffle, mais deux orcs déboulèrent sur le ponton. Le deusième portait une armure de plaques de belle facture, une hache à deux mains et un tabard que j'avais déjà sur le front du Norfendre : Chanteguerre. Le premier des orcs roula en bas, tué avec une facilité déconcertante par Dracken et le Thane.
En revanche, une elfe de sang restée en arrière commença à modeler un sort entre ses mains. Trop loin, Sinmir tenta d'en appeler à la nature pour empêcher l'elfe d'agir. An vain. Cette dernière lâcha une boule de feu sur nous, touchant en plein poitrail le mercenaire. Nous autres avons subi des brûlures et le bois de la carcasse menaça de céder sous le choc. Nous avons commencé à lutter contre cet orc, sans doute le meneur de cette bande, et coup après coup, il recula. Au loin, j'ai remarqué que l'elfe avait tissé un portail magique pour s'enfuir, constatant sans doute que la situation n'était guère favorable pour la Horde. Le carreau figé dans son épaule ne l'empêcha pas de fuir, se moquant au passage de l'orc qui fléchissait sous notre assaut. Ce dernier enragea en voyant la sin'dorei disparaitre dans un éclair et Dracken en profita pour revenir, malgré sa blessure et son armure partiellement fondue, pour l'achever d'une hache en plein crâne.
En contre-bas, nous avons découvert avec effroi les corps de nos frères, entassés dans un coin et sans tête. Des caisses portant le blason de la Horde étaient éparpillé un peu partout, remplies d'objets provenant de l'épave. Nous avons pris nos guerriers morts, les quelques caisses présentes, et nous sommes rentré le cœur serré au campement. La Horde payera pour son crime. Ce n'est pas le premier, la liste se rallonge et notre colère fait de même.
Conclusion : Une nuit s'est écoulée et je peux y réfléchir à tête reposée, l'esprit calmé. Je crois qu'il s'agissait d'un groupe de récupération de la Horde. Il devait chercher quelque chose, ou démonter la carcasse pour récupérer du matériel. Pour l'attaque, je ne sais quoi penser. Un orc a sans doute agressé notre première patrouille, par rage, ce qui a provoqué le carnage de la compagnie de Coeur-de-loup et l'embuscade que nous avons du subir quelques jours après. Mais je sais que notre vétéran Coeur-de-loup haïssait la Horde, pour avoir vu ses proches mourir et vécu les premières guerres. Je ne peux écarter l'hypothèse qu'il a agressé en premier la Horde. Nous l'aurions tous fait, de toute manière. Moi la première. Dans tous les cas, je suis fière de lui et il me manquera. Comme tous ceux qui sont morts. Les Ancêtres prendront soins de leurs esprits et nous boirons en leur gloire une fois de retour en Thrakan'raz.